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Grimpeuses

Habiter le monde, de Stéphanie Bodet

Article proposé par Coralie Havas, coach à Grimpeuses dont vous pouvez découvrir le portrait dans cet article.


Après avoir retracé sa vie de grimpeuse dans A la verticale de soi, Stéphanie Bodet se lance dans le genre romanesque afin de nous donner envie d’Habiter le monde. Impossible de laisser ce livre fermé sur une étagère après sa lecture, nous devions vous en parler.

Avant de débuter, on peut facilement s’attendre à un récit d’alpinisme, d’escalade. En réalité, c’est un roman qui nous invite à aller au-delà des montagnes. L’intrigue est assez simple. Après une ultime escalade, Tom meurt. Pour ne pas sombrer, Emily repart en quête de l’essentiel. Peu à peu, grâce à son enfant, sa famille et ses amis, elle retrouve le goût à la vie et commence alors à appréhender le monde différemment. La richesse de sa vie est le fruit de sa simplicité. Libérer son âme, c’est aussi laisser fuir les objets auxquels on a tendance à trop s’attacher qui finissent par nous posséder. Riche de dépossessions, chante Barbara. Et si la richesse était en soi ? Habiter le monde, c’est une ode à la lenteur, à la décroissance, à l’écologie mais aussi à l’écoute des autres et du monde. C’est aussi une réflexion sur la représentation de nos intérieurs, de nos maisons, de notre façon de fantasmer et constituer notre “chez nous”. Notre demeure est aussi intérieure, il est important d’être capable d’en mesurer la richesse. Cet éloge du temps et cette invitation à la simplicité s’axe autour de la question essentielle à savoir ce que signifie réellement vivre et “être au monde”. Comment habiter un monde fragilisé par l’image, par la vitesse, par l’obsolescence ?

“Emily avait choisi de voyager sans GPS. On avait tout son temps. Lorsque on se trompait, on faisait demi-tour. On s'arrêtait dans un café pour demander la direction. Quand il n'y avait pas de commerce ouvert, on trouvait toujours un petit vieux savourant le soleil, les yeux mi-clos sur son banc, heureux de pouvoir se rendre utile.”

Bien que Stéphanie traite des considérations d’actualité telles que l’écologie, la société de consommation, l’environnement, la place de l’apparence et de l’image, l’importance accordée aux mots et les diverses convocations - poètes, philosophes, écrivains - nous offrent un roman enrichissant. Le style n’en demeure pas moins épuré, aisé à lire. On peut y ressentir la volonté de transmettre cette envie d’”habiter le monde”. Et c’est réussi !

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