Salut Marion, même si la plupart de nos lectrices se souviennent sans doute de ton inspirante présentation lors de la première édition de Grimpeuses, peux-tu te présenter rapidement ?

Salut, j’ai maintenant 36 ans et je suis maman d’une petite fille de 2 ans. Pour faire rapide, je suis monitrice d’escalade, de ski alpin et guide de haute montagne. 1ère instructrice à l’EMHM (Ecole Militaire de Haute Montagne) à Chamonix pendant 7 ans. Ensuite 1ère secouriste CRS montagne en Savoie depuis 2016.
Peux-tu davantage nous parler de Lead the Climb ? Quelles ont été tes motivations pour créer ce club ?
LTC est un club CAF (Club Alpin Français) qui propose des formations au leadership et à l’autonomie dans les sports de montagne entre femmes depuis 2017. En 2006 j’avais fait parti de la 1ère ENAF (Equipe nationale d’Alpinisme Féminine). Cette opportunité m’avait permise de rencontrer des copines avec qui grimper et de prendre confiance en moi. J’ai eu envie de partager à mon tour.
Comment as-tu découvert les sports de montagne ? Et en particulier l’alpinisme ?
J’ai commencé l’escalade en classe de 4ème grâce à un professeur d’escalade passionné. Rapidement je m’ennuyais au pied des falaises ou dans les gymnases pendant les compétitions et j’ai eu envie d’aller plus haut, sur les sommets. Trouver des compagnons de cordées qui me faisaient confiance était très difficile pour démarrer l’alpinisme, heureusement j’ai rejoint ensuite l’ENAF. Cette équipe féminine m’a donné des opportunités pour grimper et recevoir du matériel d’alpinisme. Le matériel est cher et c’est un réel frein à la pratique des sports de montagne.
Comment accède-t-on au métier de guide de haute montagne ?
Il faut une solide expérience en haute montagne pour se préparer au test d’entrée en formation appelé « probatoire » organisé par l’ENSA (Ecole nationale de Ski et d’Alpinisme). Aujourd’hui, une vingtaine de femmes exercent ce métier sur environ 1700 guides. Par contre le métier de secouriste CRS montagne police, mon métier principal, est bien plus accessible. Il faut devenir policière puis au bout d’une année de service, on peut se présenter aux sélections montagne. Le niveau demandé est moins élevé que pour le métier de guide de haute montagne car la formation est plus longue. C’est un moyen idéal pour apprendre l’alpinisme.
Penses-tu que les mentalités soient en train d’évoluer concernant la place des femmes en montagne ?
Les mentalités évoluent dans les fédérations (FFCAM et FFME) et les institutions (ENSA, CREPS…). Elles ont compris que les femmes sont tout à fait capables d’atteindre les niveaux techniques demandés pour passer des diplômes ou encadrer des sorties si on leur donne les moyens de s’entrainer. Par contre, dans le privé c’est une autre affaire. Environ 10% de femmes représentées dans les médias spécialisées ou soutenues par des sponsors alors que les femmes représentent 40% des adhérentes des fédérations.
Tu es maman depuis bientôt deux ans il me semble. En quoi cela a-t-il impacté ta vie de sportive ?
J’ai pu reprendre mon niveau d’avant grossesse, la maternité n’a pas impacté ma vie de sportive. Par contre, mon porte porte-monnaie a pris une claque ! Je perds 5000€ de dotations de matériel suite au départ de mes deux principaux sponsors l’année suivant ma grossesse. Les hommes qui ont des contrats et des carrières similaires à la mienne vont garder ces mêmes dotations pendant encore 5 ans, soit 25 000€ d’écart au total…
Et enfin, une dernière question. Que conseillerais-tu à une femme qui souhaiterait débuter l’alpinisme et qui serait un peu freinée par divers questionnements tels que « est-ce que j’ai la condition physique » par exemple ?
L’alpinisme est un sport beaucoup plus complexe que la force physique : choix de l’itinéraire, du matériel, stratégie d’encordement, etc.… Surtout ne pas se comparer aux hommes qui sont, depuis des centaines de générations encouragés, et même parfois forcés, à se dépasser physiquement !
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