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Portrait : Elnaz Rekabi, la grimpeuse iranienne a-t-elle vraiment défié le régime ?

Désobéissant au code vestimentaire strictement appliqué par son pays, l’Iranienne Elnaz Rekabi a retiré son hijab lors des finales du championnat d’Asie, à Séoul, dimanche 16 octobre. Un geste, jugé comme une preuve de solidarité envers les manifestantes iraniennes, lourd de conséquences, surtout au vu de la répression actuelle menée par les autorités locales.


C’est la grimpeuse iranienne la plus forte de sa génération, la première femme de son pays à participer à l’intégralité de la saison de Coupe du monde, depuis 2016. Evoluer sur la scène internationale est déjà une belle victoire tant les freins lui sont nombreux. Absence de soutien financier de la part de la fédération, interdiction de s’entraîner avec les hommes, obligation de porter le hijab… difficile d’être une athlète féminine en Iran.


Si elle ne se positionnait pas ouvertement contre le port du voile, Elnaz en soulignant, il y a quelques années, les contraintes. "Pendant la compétition, le corps a besoin d’évacuer la chaleur dégagée par l’effort" expliquait-elle. "C’est pourquoi nous avons essayé de créer une tenue, compatible avec la pratique de l’escalade, qui respecte le hijab".


Défiant tous les pronostics, l’Iranienne est pourtant devenue, en 2021, la première grimpeuse de son pays à remporter une médaille aux championnats du monde d’escalade, avec une 3e place. Près d’un an après son podium international, Elnaz grimpait à nouveau sous les couleurs du drapeau iranien, dimanche 16 octobre, à Séoul, lors du championnat du combiné d’Asie (bloc et difficulté).


Une preuve de solidarité envers les manifestantes iraniennes ?


Quelle ne fut pas la surprise des spectateurs de la voir arriver sans son voile lors de la finale de difficulté ! Désobéissant ainsi aux règles de la République islamique, instaurées depuis la révolution de 1979, en pleine protestation iranienne largement réprimées par les autorités, un mois pile après la mort de Mahsa Amini, arrêtée à Téhéran le 13 septembre, par la police des moeurs pour avoir enfreint le code vestimentaire strict, et décédée trois jours plus tard, son geste était lourd de conséquences.




Rapidement élevée par les médias au rang de symbole, son action, jugée comme une preuve de solidarité envers les manifestantes iraniennes, a largement été médiatisée qui risquait de lui valoir de nombreux ennuis à son retour en Iran. À savoir que depuis la révolution de 1979, "le gouvernement iranien aurait harcelé, emprisonné, torturé et exécuté des dizaines d’athlètes – dont des champions du monde et des olympiens […] pour avoir critiqué ou agi contre le régime" précisait déjà en février dernier le média The Iran Primer.


"Je n’ai pas fait attention au foulard que j’aurais dû porter"


Trois jours après la compétition, Elnaz Rekabi, de retour à Téhéran, acclamée en héroïne à l’aéroport, a présenté ses "excuses au peuple iranien”. Une volte-face inattendue, soutenue par des "explications techniques" peu plausibles. "En raison du climat qui régnait pendant les finales de la compétition et du fait que j’ai été appelée à prendre le départ alors que je ne m’y attendais pas, (…) je n’ai pas fait attention au foulard que j’aurais dû porter" a-t-elle expliqué.


Des aveux, forcés ou non, qui font suite à une story Instagram, postée mardi, où Elnaz assurait que la décision de retirer son voile n’était "pas intentionnelle". Difficile donc de savoir, à ce jour, quelles furent ses intentions réelles. Des informations, notamment soulevées par le Guardian, affirment qu’Elnaz aurait été arrêtée par les autorités iraniennes et serait aujourd’hui assignée à résidence.


Crédits photos : Getty Images

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